Les trois-quarts – précisément 72% selon une étude américaine – de la qualité d’une présentation viennent de la forme et non du fond.
La plupart des personnes passent l’essentiel du temps de préparation au contenu de leur présentation, alors qu’il faut investir aussi du temps sur la forme.
Si vous faites une présentation , c’est que vous êtes l’expert pour cette présentation, et donc vous êtes la personne la plus qualifiée pour écrire le fond. C’est sûrement faux pour la forme.
Si vous n’arrivez pas à maintenir l’attention de l’audience, votre discours ne sera pas même écouté, même si le sujet est passionnant ou fondamental ou si sa qualité technique est irréprochable.
L’acronyme pour se souvenir de l’absolue nécessité de travailler la forme sde saprésentation est le S.P.Y. : sourire, posture, yeux.
Votre public se fait une première opinion de vous avant même que vous ayez ouvert la bouche, et pour être engageant : souriez.
Pour comprendre l’importance du sourire, il faut imaginer une situation où le non verbal est énorme : vous venez de monter dans le métro et vous décidez -consciemment ou non- où vous allez vous asseoir. En un coup d’oeil, vous avez étiqueté toutes les personnes présentes : les menaces, les gênes et éventuellement les plaisirs. Et vous choisissez votre place avec vos « a priori », comme tout le monde.
L’importance de la posture provient du même constat : face au public, les bras le long du corps ou devant le corps (et donc ne pas mettre les mains dans les poches, ne pas se toucher le visage, ne pas se cacher derrière une feuille ou un meuble) en utilisant tout l’espace qui est à votre disposition, prenez-en possession
Une petite technique de décontraction si vous ne savez pas quoi faire de vos mains.
Avant de commencer votre présentation, isolez-vous et faites des exercices. D’abord faites tourner votre poignet gauche vingt fois comme pour un échauffement, puis ensuite le coude gauche, et enfin faites vingt moulinets de tout le bras gauche pour échauffer l’épaule. Passez au bras droit pour les trois mêmes exercices. Après, vous n’aurez plus de difficulté à placer vos bras, ils resteront normalement le long du de votre corps sans vous géner, en moins de trois minutes.
Pour ce qui est des yeux, une présentation est comme une conversation, il faut regarder son interlocuteur dans les yeux. Si vous ne regardez pas votre interlocuteur dans les yeux, il cesse de vous écouter rapidement, au bout de deux à trois minutes il n’entend plus.
Quand cette personne se transforme en une audience, il faut regarder chaque personne dans l’audience.
Une personne que vous ne regardez pas ne peuvent pas s’appuyer sur votre regard. Elles vont donc relacher leur attention en quelques minutes.
Comme il est difficule de regarder individuellement toutes les personnes, il faut regarder dans leur direction ,c’est-à-dire balayer du regard l’audience de l’extémité droite à l’extrémité gauche en 4 à 15 secondes.
Une fois que le SPY est acquis, il faut éviter la monotonie : changer de rythme d’élocution, changer de ton ou changer de la puissance de sa voix, et créer des rupture.
Pour regagner l’attention, rien de tel qu’une petite pause.
Avant de commencer, vous avez le trac, et c’est normal. Même après vingt ans de pratique le présentateur du journal de vingt heures a son coeur qui bat à 170 pulsations par minutes au moment où le technicien lui annonce qu’il est à l’antenne. Il a le trac mais cela ne se voit pas. Il arrive à faire son métier parce qu’il respire -comprenez il expire l’air de ses poumons-.
Si vous êtes tendu, faites ce petit exercice de « respiration carrée » (square breezing, en anglais) : inspirez pendant quatre secondes, puis retenez votre respiration pendant quatre secondes, expirez pendant quatre secondes, puis retenez encore votre respiration quatre secondes. Le cycle est fini. Vous vous êtes détendu en 16 secondes sans que personne ne le remarque. Si cela ne suffit pas, recommencez deux ou trois cycles.
Il ne faut pas avoir peur de trou ou du blanc. Si vous appliquez la technique Yeux, donc si vous regardez votre audience dans les yeux, vous pouvez vous arrêter plus de 15 secondes au milieu d’une phrase. Il ne faut juste pas le faire à toutes les phrases, cela risque de finir par ennuyer vos auditeurs.
L’étape suivante consistera à arriver à interagir avec l’audience : questions/réponses, témoignages, … Ainsi, en début de présentation, faites un petit sondage à main levée pour connaître votre auditoire.
Attention, il faut jamais brusquer un auditeur, si personne ne veut participer, tant pis cherchez un contournement ou une interaction plus simple.
Une fois que vous maîtriserez ces techniques de base, vous devriez pouvoir faire faire n’importe quoi à votre public, par exemple monter sur leur chaise et se mettre en équilibre sur une jambe en criant « kiai », le cri qui sort du ventre.
Ne négligez aucune occasion de pratiquer.
Et un petit mot sur les fondamentaux intemporels de la rhétorique:
La rhétorique agit sur trois pôles : « prouver la vérité de ce qu’on affirme, se concilier la bienveillance des auditeurs, éveiller en eux toutes les émotions qui sont utiles à la cause. » (Cicéron). Ces trois intentions correspondent au logos, à l’éthos, et au pathos, selon Aristote.
Le logos représente la logique, le raisonnement et le mode de construction de l’argumentation. Il s’adresse à l’esprit rationnel de l’interlocuteur.
L’éthos représente le style que doit prendre l’orateur pour capter l’attention et gagner la confiance de l’auditoire, pour se rendre crédible et sympathique. Il s’adresse à l’imagination de l’interlocuteur. Aristote définit le bon sens, la vertu et la bienveillance comme étant les éléments faciltant la confiance en l’orateur. On pourra y ajouter la franchise et la droiture.
Le pathos s’adresse à la sensibilité de l’auditoire (ses tendances, passions, désirs, sentiments, émotions…). L’orateur cherche à faire ressentir à l’auditoire des passions : la colère, l’amour, la pitié, l’émulation… De son côté, l’orateur ne doit pas se départir de son calme, de son rôle de sage.
Ethos et pathos cherchent à séduire l’auditoire.